Debout dans le pré vert et seul dans ce silence,
Mes bras se sont tendus les paumes vers le ciel ;
Ma tête s'est tournée aux rayons d'arc-en-ciel,
Et j'ai fermé mes yeux sentant la quintessence...

Tout autour de mon être entrait la providence,
Elle étourdit l'esprit c'est bien l'essentiel !
C'est le chemin parfait vers l'existentiel
De danser ivre mort au son de la démence !

Allongé dans le champ je me suis assoupi ;
Mes doigts ont eu l'instinct de saisir un épi
De rêve ; j'ai compris : la vie est une ivresse !

Un vers de poésie est venu se frotter
Sur mon âme. J'ai chancelé, coeur en liesse,
Je venais d'accomplir un instant de liberté...

Comme une chanson
Si j'étais elle, juste comme çà,
Je cacherais mes silences tout contre moi.
Je coucherais mille excuses,
Dans mon coeur pour refuge.
Les drames deviendraient pacotilles,
Et je cacherais les yeux qui brillent.
J'aurais ce corps qui se mérite,
Sans me cacher d'être complice.
Je saurais me taire,
Sans imiter une étranger.
Evitant les pièges,
Et modulant les arpèges.
Ce serait moi le timide,
A savoir maquiller mes rides.

Mais il n'y a qu'elle pour tout çà,
Et mon discours n'a pas la loi.

La lune est sur le rocher là-bas, à fleur de vague
Et les dentelles de l'écume viennent la caresser,
Parer ses longs cheveux blonds qui recouvrent les algues
De mille diamants sertis sur des filins tressés.

Soudain, le galop de chevaux sauvages et gracieux
Déchire le silence d'une nuit trop câline,
Des harpes en colère lancent des concerts aux cieux
Où brillent des étoiles aux têtes cristallines.

De grands oiseaux aux cris aigüs surgissent du néant,
Déployant avec force leurs ailes fabuleuses.
Ils jettent leurs ombres sur les remous de l'océan,
Avant l'ultime plongeon dans ses voies ténébreuses.

La reine de la nuit rejoint lentement l'horizon ;
Sur la pointe des pieds, la belle des rêves disparaît.
Le sable dénudé se trouble d'un dernier frisson,
Les clameurs cessent et le fils de l'aube apparaît.